samedi 24 mars 2018

Les petites pièces




Souvent, je reçois des demandes de clients gênés, vaguement honteux même, de vouloir une petite pièce, un tatouage mignon, pas énorme. Ces gens, souvent jeunes (mais pas que), s'imaginent que le tatoueur, surtout celui qui a quelques années de métier, va se foutre de leur gueule, mépriser le petit tatouage, lui donner moins d'attention, de soin, de respect!

Hé bien, mes loulous, il n'y a rien de plus faux, rassurez-vous!

D'abord, et avant toute chose, c'est une question de professionnalisme : il n'y a pas de raison de mépriser une petite pièce, elles méritent tout le soin, toute l'attention du tatoueur.

Ensuite, soyons sérieux : le client qui veut un dos complet comme premier tatouage, j'en ai croisé un ou deux dans ma vie, mais ce n'est vraiment pas la plus grande majorité. Le gars qui aujourd'hui arbore un dos et deux manchettes en couleur, il a très probablement commencé par une petite rose sur l'omoplate.

Enfin, sache (si tu as lu mon bouquin, tu le sais déjà, et si tu ne l'as pas encore lu, grouilles-toi de te le procurer, car c'est une excellente occasion de te cultiver) que moi aussi j'ai commencé par un petit truc. Un papillon, si tu veux tout savoir. pas plus grand qu'un briquet Zippo.

Moi aussi je flippais comme une bestiasse, à l'époque. Me faire un grand dragon, j'hésitais comme une pucelle au soir de ses noces, et du reste, même si j'avais osé avoir cette folle ambition, l'extrême légèreté du contenu de mon larfeuille m'en aurait empêché. En bref, j'étais bien trop fauché pour ça.

Ce n'est pas un hasard si la photo qui illustre ce modeste article représente un magnifique (quoique modeste) spécimen de mec torse poil sur la plage : avec le sens aigu de l'observation que je te connais, tu remarqueras sur le pectoral droit un tatouage minuscule (tu ne vois rien? regarde mieux... ok, c'est vraiment pas grand)

Ben t'as tout pigé. C'est ma pomme. Et le gribouillis riquiqui en question, c'est mon premier tatouage.

Et j'en étais immodérément fier!

Et je le suis toujours aujourd'hui!

Alors, fait moi plaisir : arrête avec tes complexes à la con.

On est au clair là-dessus?


jeudi 22 mars 2018

Street Shop Vs Tattoo Parlor



Il y a peu de temps, j'ai reçu un coup de fil fort mécontent d'une demoiselle qui s'était pointée au studio et avait trouvé porte close, la vitrine s'ornant d'un petit mot précisant "tattoo en cours". Au moment où elle me laissa l'occasion (attendue) d'en placer une, je lui posai la question fatidique:

- C'est bien, mais tu avais rendez-vous?

- Non, mais...

Je profite donc de l'anecdote pour expliquer : dans le temps, le studio, comme la plupart, fonctionnait comme un Street Shop. Tu entrais, tu demandais un catalogue à l'aimable vendeuse, tu faisais ton choix et hop, roulez jeunesse, dès qu'un tatoueur se libérait, tu passais sous les aiguilles.

Aujourd'hui, tu peux encore, bien sûr, tenter le coup de passer à l'improviste voir un tatoueur, et quand tu as du bol, il a un créneau pour s'occuper de ta pomme. Mais en principe, il vaudrait mieux avoir rendez-vous. Tu sais, un rencard, comme chez le toubib ou le dentiste!

L'idée, c'est que tu puisses avoir un tatouage vraiment perso, du sur mesure, de l'unique, du taillé pour toi.

Pour ce faire, il faut que tu parles au tatoueur en direct. Autrement dit, une gentille vendeuse qui fait l'interface, ce n'est plus envisageable, parce que ce n'est pas la gentille vendeuse qui va prendre tes mesures et faire le dessin, c'est le tatoueur.

Du coup, quand le dit tatoueur est en train d'usiner, il se consacre à un (ou une) client(e). Pas qu'il ne veuille pas s'occuper de toi, note bien, juste qu'il ne peut pas faire autrement.

D'où la nécessité du petit écriteau "tattoo en cours".

C'est le concept que les britanouilles appellent un "parlor".

Capisce?

Prendre rencard, c'est pas compliqué, hein, tu n'as pas besoin d'être sorti de polytechnique pour y arriver.

Mon adresse e-mail est sur ma page fesse-de-bouc, et comme je suis un bon zig, pour t'éviter de la sueur : jean-mich@hotmail.com