dimanche 29 octobre 2017

La guérison: 50% du boulot




Salut les loulous,

J’ai envie de parler des soins à apporter pour la guérison d’un tatouage: je vois, et j’entends encore trop de sottises à ce propos.

  1. Garder le pansement au minimum cinq heures (oui, même si ça t’emmerde de le garder et/ou tu es impatient de le montrer à ta copine), et au maximum 24 heures (le garder plus longtemps est non seulement inutile, mais en plus, ce n'est pas très frais; et un tatouage, c’est fondamentalement une plaie: un minimum d’hygiène, OK ?)
  2. Au moment de retirer le pansement, il est impératif de bien laver le tatouage. Ici, pas mal de légendes urbaines circulent: eau chaude ou froide, savon ou non. En fait, on s’en fout complètement! Ce qui importe, c’est que le tatouage soit parfaitement propre: les pores de la peau doivent être visibles. Perso, après l’avoir lavé et avant de commencer à mettre de la pommade cicatrisante, j’attends quelques heures de plus, durant lesquelles le tatouage exsude encore un peu d’encre, de vaseline et de trucs comme ça, puis je relave. Pourquoi ? Parce que ce qui est encore rejeté à ce moment par la plaie va constituer une part importante de la croûte, que la croûte, lorsqu’elle tombe est colorée, et que la couleur qui est dans la croûte, ben elle n'est pas dans la peau (j’aime bien dire des évidences, parfois !).
  3. Passer une pommade cicatrisante trois fois par jour. Perso, je conseille le Flamigel, ou le Bépanthol (vendu sous le nom de Bépanthène en France). Il existe pas mal d’autres crèmes très valables. Toutefois, je déconseille vraiment celles qui sont conditionnées en pots: y mettre ses doigts pour en étaler sur le tatouage, c’est prendre le risque de cultiver des bactéries dans le pot. De même, mettre ses gros doigts sales sur l’embout du tube, ça crée une colonie bactérienne à cet endroit, bactéries qui se trouveront étalées sur le tatouage (une plaie fraîche, je rappelle) à la prochaine application. C’est ESSENTIEL, j’ai vu de jolis tatouages abîmés par une infection née de la sorte.

    Petit rappel: on se lave les mimines avant de mettre de la crème, En cas d’infection, on se rappelle que chez le tatoueur, tout est à usage unique, alors la crasse, il faut bien qu’elle vienne de quelque part, pas vrai ?

    À chaque nouveau tatouage, et pour les raisons dont je parle ci-dessus, nouveau tube de crème : pas question de balancer sur ton tatouage tout neuf et obtenu dans la douleur, les bactéries cultivées sur l’embout du tube du dernier tatouage de ta copine (oui, je sais, vous vous aimez, et tout et tout... mais ce n'est pas une raison).

    Sur les tatouages à la racine des cheveux, qui sont de gros nids de germes, je conseille l’application de Néobacitracine: ça contient un antibiotique léger, et la guérison est top.
  4. Ensuite, le jeu consiste à faire en sorte que la fine croûte tombe d’elle-même et le plus tard possible, pour éviter qu’une nouvelle croûte se forme, elle aussi colorée ( pour les mêmes raison qu’au-dessus), donc, on ne gratte pas, on ne marine pas dans son bain (croûte qui ramolli dans l’eau), on préserve autant que possible des agressions, des frottements et des irritations diverses. Et ce, jusqu’à la guérison complète, qui peut prendre une à deux semaines, suivant les cas.
VU ?

mardi 24 octobre 2017

Tatouage au rabais



Comme tu me vois là, je me marre!

Laisse moi te raconter une histoire qui vient de m'arriver, un truc récurent: tous les collègues y font face, trop souvent hélas.

Il y a quelques semaines, je suis contacté par mail par une nana, appelons la Mam'zelle Pétasse, ce qui lui va bien.

La bougresse souhaite un devis pour un tatouage, rien de bien original: un petit dessin avec une phrase en dessous. Tu sais, le genre de phrase que tu vois sur Facebook avec une photo à la con? Le genre de truc qui pourrait être du à la plume bien-pensante de Paulo Coelho, le Francis Lalanne de la littérature. Bon, jusque là, sa démarche n'est pas anormale. Mais en réalité, ce qu'elle veut, ce n'est pas chercher un bon tatouage, mais un tatouage pas cher.

Aussi, quand je lui annonce 150 euros, elle tarde un peu à répondre. Et là, ça ne loupe pas: au bout d'une heure, elle m'annonce qu'elle a trouvé une offre à 100 euros.

Je lui réponds "OK, bonne chance", et, à l'autre bout du clavier, je la sens un peu déçue: elle aimerait que je lui fasse une contre proposition. Mais là, elle se fourre le doigt dans l'œil tellement loin que pour sa prochaine manucure, elle auras besoin d'un proctologue: c'est de tatouage qu'on parle, pas de l'acquisition d'un plateau en cuivre martelé au souk de Djerba-la-douce.

Le temps passe, et Pétasse reprend contact (ce matin).

Elle joint une photo de son tatouage: une catastrophe. Lignes baveuses, deux fautes d'orthographe, la totale, et elle s'en rend compte! Avec un culot digne des plus grands, elle demande, suppliante, quel serait mon prix pour corriger, si c'est possible, le pâté magistral qui orne sa couenne. Impitoyable, je répond 250 euros.

Et là, scandale: son tatouage lui couterait en tout 350 euros, je n'ai pas de cœur, je profite de la situation, et patati, et patata.

Je te laisse, ami lecteur ricanant, tirer la morale de cette histoire édifiante (tu vois, j'te fais confiance, hein?)


dimanche 15 octobre 2017

Old-School never dies

 

Face à un mouvement général de popularisation du tatouage, beaucoup de gens se posent de questions sur le vieillissement d'oeuvre tatouées, et c'est fort bien.

Un me mes collègues publia donc un long et excellent article sur le net (il signe "Wallifornia sur le groupe Formation tatouage, et j'ai la flemme de chercher pour te coller un lien. Si tu veux, cherche donc par toi-même, mon loulou), dans lequel il détaille le processus et lance quelques piques de bon aloi.

N'ayant pas l'envie de pondre une tartine, je vais te résumer la chose en quelques points essentiels:

  1. Les lignes fines s'estompent et tendent à disparaître avec le temps. Voila qui détruit déjà la légende urbaine tenace du tatoueur "qui est bon parce qu'il travaille fin".
  2. Au contraire, les lignes moyennes ou épaisses s'épaississent avec le temps, mais leurs bords deviennent un peu moins net. Il faut avoir de l'espace entre les lignes, pour éviter qu'avec l'âge, elles ne finissent par se toucher. Un tatouage a besoin d'être "aéré".
  3. Les dégradés de gris s'estompent, particulièrement les gris clairs Donc, un dégradé qui tient la distance doit être fortement contrasté.
  4. Les couleurs ternissent, surtout celles qui ne sont pas soutenues par une ligne forte.
  5. Plus la peau est entretenue (crèmes, limiter l'exposition aux UV), plus longtemps le tatouage restera beau. C'est logique, non? Tu entretiens le support, le tatouage aussi!
Partant de ces quelques principes, il est donc certain que les dessins aux tracés épais et au couleurs fortes résisterons mieux à l'usure du temps. C'est bien joli de faire des performances artistiques sur la peau des clients, encore faut il pouvoir garantir aux gens que leurs tatouages résisteront bien au temps. C'est là affaire d'ego, de choix: faire le malin en postant de l'art avant-gardiste sur fesse de bouc pour se mettre en avant, ou mettre son client en avant.

Il est, bien sur, possible de poildecuter jusqu'à perpète sur les nouveaux talents (et, ipso facto, me traiter de vieux con), les nouvelles encres, les nouvelles machines, les aiguilles et blablabla, mais tu peux te pignoler là-dessus tant que tu veux, mon loulou, le truc qui ne change pas, n'évolue pas, c'est la peau humaine.

Du coup, les tatouages issus de cultures ou cet art se pratique depuis l'époque ou le Christ était engagé volontaire se caractérisent par ces principes: lignes fortes, peu de dégradés, couleurs solides.

L'art traditionnel japonais, par exemple, ainsi que le tribal véritable (maori, tahitien)... et bien sur, mon favori, ce qu'en jargon tatouesque, on appelle le Old-School, ce style popularisé par les marins (gens dont la peau souffrait pas mal du fait de leur boulot), et qui semble connaître aujourd'hui un certain retour de popularité.

Les photos qui illustrent mon propos sont représentative de ce style, à bon entendeur...