dimanche 29 octobre 2017

La guérison: 50% du boulot




Salut les loulous,

J’ai envie de parler des soins à apporter pour la guérison d’un tatouage: je vois, et j’entends encore trop de sottises à ce propos.

  1. Garder le pansement au minimum cinq heures (oui, même si ça t’emmerde de le garder et/ou tu es impatient de le montrer à ta copine), et au maximum 24 heures (le garder plus longtemps est non seulement inutile, mais en plus, ce n'est pas très frais; et un tatouage, c’est fondamentalement une plaie: un minimum d’hygiène, OK ?)
  2. Au moment de retirer le pansement, il est impératif de bien laver le tatouage. Ici, pas mal de légendes urbaines circulent: eau chaude ou froide, savon ou non. En fait, on s’en fout complètement! Ce qui importe, c’est que le tatouage soit parfaitement propre: les pores de la peau doivent être visibles. Perso, après l’avoir lavé et avant de commencer à mettre de la pommade cicatrisante, j’attends quelques heures de plus, durant lesquelles le tatouage exsude encore un peu d’encre, de vaseline et de trucs comme ça, puis je relave. Pourquoi ? Parce que ce qui est encore rejeté à ce moment par la plaie va constituer une part importante de la croûte, que la croûte, lorsqu’elle tombe est colorée, et que la couleur qui est dans la croûte, ben elle n'est pas dans la peau (j’aime bien dire des évidences, parfois !).
  3. Passer une pommade cicatrisante trois fois par jour. Perso, je conseille le Flamigel, ou le Bépanthol (vendu sous le nom de Bépanthène en France). Il existe pas mal d’autres crèmes très valables. Toutefois, je déconseille vraiment celles qui sont conditionnées en pots: y mettre ses doigts pour en étaler sur le tatouage, c’est prendre le risque de cultiver des bactéries dans le pot. De même, mettre ses gros doigts sales sur l’embout du tube, ça crée une colonie bactérienne à cet endroit, bactéries qui se trouveront étalées sur le tatouage (une plaie fraîche, je rappelle) à la prochaine application. C’est ESSENTIEL, j’ai vu de jolis tatouages abîmés par une infection née de la sorte.

    Petit rappel: on se lave les mimines avant de mettre de la crème, En cas d’infection, on se rappelle que chez le tatoueur, tout est à usage unique, alors la crasse, il faut bien qu’elle vienne de quelque part, pas vrai ?

    À chaque nouveau tatouage, et pour les raisons dont je parle ci-dessus, nouveau tube de crème : pas question de balancer sur ton tatouage tout neuf et obtenu dans la douleur, les bactéries cultivées sur l’embout du tube du dernier tatouage de ta copine (oui, je sais, vous vous aimez, et tout et tout... mais ce n'est pas une raison).

    Sur les tatouages à la racine des cheveux, qui sont de gros nids de germes, je conseille l’application de Néobacitracine: ça contient un antibiotique léger, et la guérison est top.
  4. Ensuite, le jeu consiste à faire en sorte que la fine croûte tombe d’elle-même et le plus tard possible, pour éviter qu’une nouvelle croûte se forme, elle aussi colorée ( pour les mêmes raison qu’au-dessus), donc, on ne gratte pas, on ne marine pas dans son bain (croûte qui ramolli dans l’eau), on préserve autant que possible des agressions, des frottements et des irritations diverses. Et ce, jusqu’à la guérison complète, qui peut prendre une à deux semaines, suivant les cas.
VU ?

mardi 24 octobre 2017

Tatouage au rabais



Comme tu me vois là, je me marre!

Laisse moi te raconter une histoire qui vient de m'arriver, un truc récurent: tous les collègues y font face, trop souvent hélas.

Il y a quelques semaines, je suis contacté par mail par une nana, appelons la Mam'zelle Pétasse, ce qui lui va bien.

La bougresse souhaite un devis pour un tatouage, rien de bien original: un petit dessin avec une phrase en dessous. Tu sais, le genre de phrase que tu vois sur Facebook avec une photo à la con? Le genre de truc qui pourrait être du à la plume bien-pensante de Paulo Coelho, le Francis Lalanne de la littérature. Bon, jusque là, sa démarche n'est pas anormale. Mais en réalité, ce qu'elle veut, ce n'est pas chercher un bon tatouage, mais un tatouage pas cher.

Aussi, quand je lui annonce 150 euros, elle tarde un peu à répondre. Et là, ça ne loupe pas: au bout d'une heure, elle m'annonce qu'elle a trouvé une offre à 100 euros.

Je lui réponds "OK, bonne chance", et, à l'autre bout du clavier, je la sens un peu déçue: elle aimerait que je lui fasse une contre proposition. Mais là, elle se fourre le doigt dans l'œil tellement loin que pour sa prochaine manucure, elle auras besoin d'un proctologue: c'est de tatouage qu'on parle, pas de l'acquisition d'un plateau en cuivre martelé au souk de Djerba-la-douce.

Le temps passe, et Pétasse reprend contact (ce matin).

Elle joint une photo de son tatouage: une catastrophe. Lignes baveuses, deux fautes d'orthographe, la totale, et elle s'en rend compte! Avec un culot digne des plus grands, elle demande, suppliante, quel serait mon prix pour corriger, si c'est possible, le pâté magistral qui orne sa couenne. Impitoyable, je répond 250 euros.

Et là, scandale: son tatouage lui couterait en tout 350 euros, je n'ai pas de cœur, je profite de la situation, et patati, et patata.

Je te laisse, ami lecteur ricanant, tirer la morale de cette histoire édifiante (tu vois, j'te fais confiance, hein?)


dimanche 15 octobre 2017

Old-School never dies

 

Face à un mouvement général de popularisation du tatouage, beaucoup de gens se posent de questions sur le vieillissement d'oeuvre tatouées, et c'est fort bien.

Un me mes collègues publia donc un long et excellent article sur le net (il signe "Wallifornia sur le groupe Formation tatouage, et j'ai la flemme de chercher pour te coller un lien. Si tu veux, cherche donc par toi-même, mon loulou), dans lequel il détaille le processus et lance quelques piques de bon aloi.

N'ayant pas l'envie de pondre une tartine, je vais te résumer la chose en quelques points essentiels:

  1. Les lignes fines s'estompent et tendent à disparaître avec le temps. Voila qui détruit déjà la légende urbaine tenace du tatoueur "qui est bon parce qu'il travaille fin".
  2. Au contraire, les lignes moyennes ou épaisses s'épaississent avec le temps, mais leurs bords deviennent un peu moins net. Il faut avoir de l'espace entre les lignes, pour éviter qu'avec l'âge, elles ne finissent par se toucher. Un tatouage a besoin d'être "aéré".
  3. Les dégradés de gris s'estompent, particulièrement les gris clairs Donc, un dégradé qui tient la distance doit être fortement contrasté.
  4. Les couleurs ternissent, surtout celles qui ne sont pas soutenues par une ligne forte.
  5. Plus la peau est entretenue (crèmes, limiter l'exposition aux UV), plus longtemps le tatouage restera beau. C'est logique, non? Tu entretiens le support, le tatouage aussi!
Partant de ces quelques principes, il est donc certain que les dessins aux tracés épais et au couleurs fortes résisterons mieux à l'usure du temps. C'est bien joli de faire des performances artistiques sur la peau des clients, encore faut il pouvoir garantir aux gens que leurs tatouages résisteront bien au temps. C'est là affaire d'ego, de choix: faire le malin en postant de l'art avant-gardiste sur fesse de bouc pour se mettre en avant, ou mettre son client en avant.

Il est, bien sur, possible de poildecuter jusqu'à perpète sur les nouveaux talents (et, ipso facto, me traiter de vieux con), les nouvelles encres, les nouvelles machines, les aiguilles et blablabla, mais tu peux te pignoler là-dessus tant que tu veux, mon loulou, le truc qui ne change pas, n'évolue pas, c'est la peau humaine.

Du coup, les tatouages issus de cultures ou cet art se pratique depuis l'époque ou le Christ était engagé volontaire se caractérisent par ces principes: lignes fortes, peu de dégradés, couleurs solides.

L'art traditionnel japonais, par exemple, ainsi que le tribal véritable (maori, tahitien)... et bien sur, mon favori, ce qu'en jargon tatouesque, on appelle le Old-School, ce style popularisé par les marins (gens dont la peau souffrait pas mal du fait de leur boulot), et qui semble connaître aujourd'hui un certain retour de popularité.

Les photos qui illustrent mon propos sont représentative de ce style, à bon entendeur...





mercredi 26 juillet 2017

Flash Day 15 Aout 2017




Voici donc, comme promis et comme de tradition, venu le temps de publier les dessins pour le Flash Day de l'été.

Fort de l'expérience des autres éditions, les règles du jeu, pour cette fois, diffèrent un chouia par rapport aux autres fois.

Donc:

  • Cette année, je vous recevrais entre 10 et 19 heures. Toutefois, en cas d'affluence, je prolongerai peut-être.
  • Je ne tatouerai que et UNIQUEMENT les dessins repris ci-dessous (ces croquis seront bien entendu "nettoyés" et adaptés de façon plus pointue pour chaque client). Sauf quelques exceptions, des gens qui m'ont envoyés des demandes précises via Facebook AVANT la parution de cet article. Ils se reconnaîtront.
  • Cette année, pas de tarif unique, pour permettre aux personnes intéressées de se faite tatouer des pièces plus importantes. Pas d'inquiétude les enfants, les prix indiqués (sur les planches) restent inférieurs (et largement) à ceux que je pratique d'habitude pour ce genre de tatouage.
  • L'inscription se fait en commentant le statut concerné sur Facebook. Soyez gentils: si vous ne souhaitez pas vous faire tatouer, abstenez vous de commenter. Pour les question que vous voudriez poser, Messenger, c'est pas fait pour les castors, OK?

Enfin, comme à chaque fois, je privilégierai le style "Old-School".

Allez, c'est parti!






dimanche 16 juillet 2017

Parlons pognon!




Celui qui, par curiosité, et dans le souci de s’éviter la peine de se faire sa propre opinion fait une recherche internet à propos de son tatoueur favori, tombe souvent sur une critique qui concerne TOUS les tatoueurs : "il fait ses prix à la tête du client ".

Cette critique, en réalité, résulte tout simplement de l’ignorance du public, ignorance que je me propose de corriger ici :

  1. Il y a toujours un prix de base, prix en dessous duquel le tatoueur ne travaille pas. C’est logique, cela recouvre le fait qu’au-delà des aiguilles, de l’encre, des fournitures diverses et du temps de travail, le tatoueur doit bien gagner sa vie. C’est normal, et personne ne songe à contester ça, pas vrai?

    Sauf qu’il en est pour le faire, telle cette cliente récente qui s’indignait du fait que son minuscule bidule, de la taille de l’ongle de son petit orteil, lui coûte tout de même 50 roros. Il est tout à fait impossible à cette jeunette de se rendre compte qu’en 1994, le prix de base était de…2000 francs belges : elle n’était pas née ! Tu noteras avec intérêt, ami lecteur, que depuis cette époque, le prix d’un billet de tram s’est trouvé multiplié par cinq. Ce qui est rigolo, c’est que la susdite idiote m’exhibait son projet sur l’écran tactile du dernier I-Phone (chercher l’erreur).

  2. Le prix horaire : c’est très simple, c’est tout simplement une facturation à l’heure de travail. Chaque tatoueur, suivant son talent, son expérience et/ou sa renommée, estime le prix de son heure de taf. Ici, pas de problème, tout est limpide, à condition de comprendre que ce tarif ne s’applique en général que sur des pièces d’une certaine importance : pas question de l’appliquer sur un truc minuscule, sinon chaque fois que je tatoue une initiale avec un petit cœur, je descendrais en dessous de mon prix de base : je ne suis certes pas le mec le plus cher du marché, mais je ne suis pas là pour perdre du fric. Et les collègues, c’est idem!

  3. Maintenant, de fait, il y a les prix qui sont entre le prix de base et le tarif horaire, et c’est là que, bien souvent, le bât blesse. D’abord, parce qu’il s’agit de tatouages plus grands que ceux qui sont au prix de base, mais trop petits pour justifier de passer au tarif horaire, tu me suis ? Il faut gagner sa vie tout en restant juste. Il y a là une part d’estimation, souvent incomprise du public. Note bien que, par surcroît et pour compliquer les choses, certains endroits sont plus difficiles, voire carrément plus chiants à tatouer que d’autres. Et ça, ça se paie!

  4. Enfin, il y a, avouons-le, non pas la gueule du client, mais son comportement. Tous les commerçants le savent, il y a parfois des gens qui se comportent vraiment comme des connards, incapables de dire simplement bonjours, arrogants, chiants… J’ai de la chance, j’ai le droit d’être injuste (c’est rare, note)… Ceux-là paient effectivement un petit supplément. NA!

vendredi 7 juillet 2017

Métalleux, Métalleuses, ouvrez vos esgourdes!




Je vais sortir, bien légèrement il est vrai, du registre du tatouage, pour t’annoncer une nouvelle qui va faire de cette journée merdique une journée vraiment merdique.

Le HARD-ROCK MARKET va fermer au mois de septembre. 
Oui, tu as bien lu, mon pauvret, Annick, la légendaire propriétaire, égérie de tous les groupes de Métal de ce côté du Rio Pecos et patronne de la boutique favorite des métalleux prend sa retraite.


Je t’en parle un peu par nostalgie, car c’est chez elle qu’alors jeune Keupon j’achetais il y a longtemps ma première ceinture à clous, un peu car dans la rue des Eperonniers ou elle tient commerce, et moi aussi, c’est une icône qui disparaît. Cette rue était jadis connue des bruxellois pour être celle des commerces alternatifs : une librairie de science-fiction, le Hard-Rock Market, deux vendeurs de frippes dont l’un était connus des amateurs de cuirs de collection, et JEFF TATTOO, le studio ou je me suis fait tatouer la première fois, et dont mon propre shop est en réalité l’héritier direct.
Annick, c’est un peu la légende des métalleux belges, ancienne petite amie de Georges Moustaki, (ce qui révèle, outre qu’elle n’appartient pas à la génération des perdreaux de l’année, une filiation certaine entre les hippies et les métalleux, et qui tendrait à donner raisons à ceux qui dans les années 80 les appelaient les "Babas-Hard"), tous les groupes de métal ont rendu visite à son shop. 
Végétarienne un poil fofolle (dans le bon sens du terme), cette longue et maigre silhouette noire coiffée de roux a vendu à des générations de chevelus adeptes du "headbangging" les ravissants patchs d’Anthrax, de Venom, d’Accept ou d’Iron Maiden qui ornaient les gilets de jeans qui se portaient par-dessus le Perfecto à la plus glorieuse période du Hard-Rock. Cette mode est passée, et sans doute faut-il voir ici, à côté des méfaits d’Yvan Mineur (à qui Annick voue une haine corse) ou de l’âge qui est là (avec son cortège de misères) les raisons de cette fermeture annoncée.
Aussi, mon drôle et ma drôlesse, je t’encourage vivement à profiter des deux mois qui restent, pour faire dans ce haut lieu, tes dernières emplettes,(ou un simple pèlerinage) et peut être en profiteras tu pour me rendre une petite visite, ce qui est tout le mal que je te souhaite !

lundi 5 juin 2017

Brèves (en vrac et dans le désordre) de resto




Après la pluie, l'accordéon...


Enfer et graisse de phoque!

L'arrivée - relative - des beaux jours extrait l'accordéonneux des transports en commun. Il n'hésite pas à envahir de son inopportune présence et de ses accords dissonants la terrasse ou l'honnête lansquenet, harassé par sa journée de labeur, caresse l'espoir insensé de boire un apéro aussi mérité que rafraîchissant. Mon mâle et beau visage de prince pirate crispé par un rictus de dégoût légitime, je cours mettre mes oreilles à l’abri: courage, fuyons!

Histoire de bon goût


Outre le côté éminemment gastronomique, le mélomane éprouve un plaisir pervers à la fréquentation des restos vietnamiens, en écoutant les arrangements traditionalisés des slows les plus ringards des années 60.

Resto pour blondes


J'ai récemment découvert, grâce à un ami, le concept de resto pour blondes (c'est injurieux pour les blondes, je parlerais plutôt de resto à pintades). L'idée, c'est que ce sont des restaurants dans lesquels les pintades aiment à aller manger entre copines. Ils sont évalués, sur des blogs le plus souvent, non à l'aune de la qualité de la nourriture, de la carte des vins et du service, mais sur la tolérance du personnel aux gloussements et sur leur capacité à faire des additions séparées tenant compte du fait que Sharon n'a but qu'un seul verre de rosé. Il semble aller de soi que les critiques gastronomiques auto-proclamées qui font et défont les réputations des dits établissements ne tiennent que rarement la queue d'une casserole (j'évite ici un jeu de mot facile), tant la critique est aisée quand l'art est difficile.

Pas d'amalgame?


Bon, je suis en train de becter une excellente escalope au citron, quand m'sieur Blaireau crois utile de venir me briser les noix. Le prétexte: je suis tatoué et lui aussi, ce qui devrait faire de nous des frères, avec poignée de main secrète et tout le toutim! Il n'a pas encore pris mon pied dans la gueule....je vieillis, sûrement!

dimanche 28 mai 2017

Quel con, mais quel con!!!




J’avais trouvé, grâce à l’amie Grenouille, du SNAT, un article du journal "La Croix", qui était une violente diatribe anti tatouage. Et je me frottais déjà les mains, avide que je suis de croiser, virtuellement s’entend, le fer avec un adversaire, de lire ses arguments, et de les contrer.

Déception : pas la queue d’un argument, pas le plus petit début de raisonnement. Rien ! L’article, dont tu trouveras copie ci-dessous pour ta plus grande édification ne contient pas d’argument. Tout au plus une litanie de préjugés moyenâgeux, dignes finalement de ce journal qu’est La Croix. Car de ce journal, parlons-en. La Croix est au catholicisme le plus réac ce que La Pravda est au Parti communiste d’Union Soviétique. Un organe de propagande plutôt bas du cul, servile et mal foutu.

Les opinions défendues (je n’ose parler d’idées) sont celles qui se font de pire dans le catholicisme, et là, je ne parle pas de celui, charitable, de l’Abbé Pierre, non. Je parle de celui de la manif pour tous, de ce catholicisme intolérant qui refuse le mariage homo et laisse tomber un silence de plomb sur les curés pédophiles et les filières d’exil d’ancien SS vers l’Argentine ou le Paraguay.

Le lectorat, tu te l’imagines fastoche : Monsieur, coiffé avec une raie à droite (évidemment), veste en tweed, petit foulard et Clarks au pied, est coach de l’équipe féminine junior de natation de sa paroisse, Madame, chapeau cloche, coupe Chantal Goya, Loden et carré Hermès, organise des voyages de patronage au rassemblent de Taizé. Leurs quatre mioches aux prénoms prétentieux (c’est pas de leur faute) sont scolarisés chez les Frères, ce qui leur évite de jouer aux billes avec des petits malheureux élevés sans Dieu (voir même des immigrés ou, horreur, des fils de libres penseurs).

Quant à l’auteur de cet article, c’est un cuistre arrogant et pontifiant, et de la pire espèce : usant de son éducation (je dis éducation, pas intelligence, tu suis ?) pour écraser par la recherche de ses mots, un éventuel contradicteur. Son message, s’il n’était aussi creux, ne tient que parce qu’il ne cherche pas à convaincre (il faut des arguments pour cela) mais à imposer. C’est de l’argument d’autorité dans toute sa splendeur. "J’ai raison parce que j’utilise des mots de plus de trois syllabes, et si tu es d’un autre avis, c’est parce que tu es trop con que pour comprendre !".

Discuter avec ce genre de mec, ce serait comme se branler avec une râpe à fromage: des efforts pénibles pour un résultat nul. Si tu as la patience, ou la perversité dans l’humour (on ne sait jamais) de te farcir l’intégralité des sarcasmes pitoyables de ce pompeux cornichon, c’est ci-dessous :

Aux premières grandes chaleurs, les tenues de nos contemporains raccourcissent, découvrant, sur des milliers de kilomètres carrés d’épiderme, la nouveauté occidentale la plus dérisoire et la plus révélatrice de la culture de masse au XXI siècle : le tatouage. Ne pas rire, ne pas s’indigner, comprendre, conseille notre cher Spinoza. Soit. Dans le cas de cette manie, il est tout de même difficile de ne pas sourire, au moins : tant de professions de foi ineptes ou incongrûment placées, tant de dessins hideux, tant de fresques prodigieusement kitsch, tant de portraits manqués d’anonymes ou de célébrités… Il faudrait au moins conseiller aux impétrants de la Confrérie de l’aiguille encrée le merveilleux sketch de Francis Blanche et de Pierre Dac, auquel le titre de la présente chronique rend hommage : un authentique faux fakir venu d’Ind(r)e y évoque un tatouage représentant d’un côté la cueillette des olives en Basse-Provence, de l’autre un épisode de la prise de la smala d’Abdel Kader par les troupes du duc d’Aumale. Côté apophtegmes, même tableau. Qui donc a besoin de conserver à portée de vue, quand ce n’est pas dans son dos, le concentré de sa philosophie de l’existence, ou les dates de naissance et de décès de son pépé regretté ? 

Plus sérieusement : nous parlons, selon des études récentes, de 20 % de la population des États-Unis; de 15 % de celle de la France. L’extraordinaire variété des démarches qui poussent nos semblables à se tatouer est frappante : cela va de la recherche d’une certaine esthétique (sourcil tatoué, dauphin à la cheville) à des sens plus ou moins métaphysiques (érotique, religieux, politique, familial), en passant par des modes forcément éphémères (sauf pour les tatoués !) ; signalons une récente tendance franchement non figurative chez certains jeunes gens distingués (zones monochromes rectangulaires ou carrées sur le mollet ou l’épaule, traits noirs et absolument rectilignes à l’intérieur de l’avant-bras). 

La pratique du tatouage est une sorte d’oxymoron. Si elle entend singulariser son propriétaire, elle le signale en fait comme appartenant à un collectif (celui des admirateurs de Céline Dion, ou des zélateurs de Harley Davidson). Elle relève d’une extimité, pour employer un néologisme à la mode : l’intériorité de l’individu s’exprime à la surface de son corps. Étrange attribut tribal du sujet ! On se donne un corps infiniment blasonnant (lancer certains tatoués sur la question de leur programme de tatouages, c’est attirer des réponses étonnamment longues et circonstanciées). Le discours du tatoué à l’égard de ses tatouages va rarement sans ambivalence : c’est un exhibitionniste pudique ; combien de fois me suis-je fait rembarrer par des tatoués fort agacés que j’ose leur demander ce que signifiait, pour eux, telle formule latine, tel dessin aborigène, telle fleur multicolore, alors même qu’ils me les mettaient sous le nez ! 

Tout cela procède – car il faut penser à la douleur de l’opération elle-même ! – d’une extraordinaire violence dirigée contre son propre corps, que l’on marque à vie. Par sa capacité à absorber avec une apparente indifférence tout et n’importe quoi (idéogrammes chinois, imagerie religieuse, iconographie sportive, que sais-je), à la vider de tout contenu tout en s’en réclamant, le tatouage aujourd’hui est le parfait symptôme de la plasticité d’une société marchande qui a tout intérêt à ce que chacun d’entre nous se totémise ainsi (quel meilleur consommateur que celui qui veut absolument être lui-même, de toutes les façons possibles ?). 

On n’en finit pas, en une demi-page, d’un sujet aussi complexe. Car le tatouage est aussi – et par là j’entre en sympathie avec lui – une tentative d’expression personnelle ; et, peut-être, le succédané d’une œuvre chez des êtres qui n’écrivent ni ne peignent, sinon sous cette forme. Et, dans un monde où tout est censé glisser, s’effacer, comme à la surface d’un écran, ce goût de l’indélébile, si débiles soient les formes par lesquelles il s’exprime, m’apparaît soudain comme une sorte de protestation contre l’insignifiance. Car le tatouage est encore et toujours un geste transgressif, qui peut être assez terrible : je me souviens avoir vu récemment, dans une ville de Bretagne ravagée par l’alcoolisme et le chômage, deux individus farouches au visage entièrement couvert de tatouages disparaître dans un immeuble visiblement squatté. 

Cette façon de détruire cet élément capital de la sociabilité qu’est le visage me glaça, je l’avoue. Et quant à ceux qui s’imaginent s’encanailler un peu en se tatouant, savent-ils que certains esclaves romains portaient un tatouage au front ? De quoi nos tatoués sont-ils esclaves, sinon de l’injonction d’être soi, qui est bien la pire des servitudes volontaires ? 

Par Stéphane Audeguy, le 26/05/2017 à 5h32

Source : http://www.la-croix.com/Debats/Chroniques/Le-tatouage-Monsieur-Stephane-Audeguy-2017-05-26-1200850238

samedi 27 mai 2017

Rendre au Rock&roll...




….Ce qui appartient au Rock&Roll!

J’écrivais, dans le premier chapitre de mon bouquin, que le tatouage s’est démocratisé. Je l’ai vu, disais-je, quitter le pli de l’aine des skinhead-girls pour orner l’avant-bras des avocates. Se faire tatouer n’est plus mal vu, et c’est très bien.

J’aurais, du reste mauvaise grâce de m’en plaindre, ça me fait bouffer, après tout!

Mais cette médaille a, comme toute médaille, un revers : le tatouage, à force de se "gentryfier" (quel vilain mot !) risque de perdre quelque chose, une partie de son âme, peut- être!

Cette réflexion m’est venue aujourd’hui, après avoir vu au cour de mon trajet, des affiches publicitaires aux sujets abondamment encrés, alors que je tatouais un jeune couple sympa (si vous me lisez, tous les deux, vous vous reconnaîtrez), aux moyens financiers modestes, qui s’étonnaient de la (relative) modicité de mes tarifs. Ma réponse vint d’instinct, et à la réflexion, c’est un peu une profession de foi :

"Le tatouage vient de la rue, c’est un art populaire, et ça doit le rester."

Alors, je voudrais lancer ici, un appel à vous tous, aux tatoueurs, aux clients, aux fans de tatouage: nous devons rester sur nos gardes, et prendre garde à préserver l’âme du truc! Certes, le péril n’est pas encore bien grand, mais un certain nombre d’indices me le font redouter.

  • Quand la moitié des 300 (oui, 300 !) tatoueurs d’une convention sont devenus tellement interchangeables que la "patte" du tatoueur se dilue !

  • Quand des tatoueurs hipsters ne font plus que copier (fort proprement, il est vrai) des modèles pompés sur internet !

  • Quand la "patte" de l’artiste n’est plus identifiable et que le style se dilue dans la simple réalisation!

  • Quand les tatouages de l’acteur ne servent plus qu’au lancement d’un parfum de luxe!

  • Quand la bimbo peroxydée et tatouée n’est plus que la vitrine dans une publicité (sexiste d’ailleurs) pour un casino!

  • Quand la bêcheuse friquée de Waterloo, dans son perfecto Hugo Boss et son T-shirt Ramones,  joue les expertes à deux balles sur fesse-de-Bouc! 

  • Quand le tatouage n’est plus un engagement mais une obéissance servile aux pires diktats de la mode, réservée par surcroît à une élite friquée!

Alors, je dis attention!

Restons vigilants, mes frères (et mes sœurs aussi).

HEY HO, LET'S GO...

Brève de foot...




J'aime pas le football.

J'arrive pas à m'intéresser à un sport de ballon où le dit ballon n'est pas ovale. Sans rire, t'as déjà vu un joueur de foot qui se prend un petit coup au tibia? Il se roule par terre, pleure, appelle sa mère, l'arbitre et un prêtre pour recevoir les derniers sacrements!

Si j'en crois un creux du bulbe qui m'a apostrophé ce matin chez le libraire, n’étant pas un supporter de foot et des diables rouges, je suis un "mauvais belge". Outre le terme qui pue les purges haineuses, les femmes tondues et l'épuration, et sans vouloir m'en prendre nullement à nombre de mes amis qui, curieusement, préfèrent un ballon rond à un ballon ovale (pourtant seul digne de ce nom), j'ai envie de répondre ici à cette invective stupide. 

Qui es-tu, cretin décérébré, pour mettre en doute mon patriotisme? J'ai servi mon pays sans me croire obligé de foutre une chaussette tricolore sur mon rétro ou une biroute de caniche - oups, 'scuse, une corne - sur ma bagnole (du reste, je n'ai pas de bagnole). 

Et il n'est pas certain que tu puisse en dire autant, toi qui critique sans doute l'action des joueurs sans être, je l'imagine, capable de courir seulement 100 m sans risquer l'infar', toi qui te dis sportif parce que tu bois de la Jupiler en commentant avec compétence (ironie, ne te méprends pas) les actions de gens qui en savent plus que toi sur le football (et que moi aussi, ignare que je suis ). 

Aussi, je n'hésite point à te le dire sans fard, que je te pisse à la raie, ce qui, nous plaçant "de facto" sur un certain pied d’intimité (je ne m'occupe pas de la raie de tout le monde), me permet de te faire par surcroît, une confidence : je n'ai passé, de ma vie, qu'une seule soirée devant un match de football. C'était en 1986, et ça m'a permis de voir télé-visuellement la réalité de l'esprit sportif des hordes de tes semblables, fraternellement unis dans la haine de l'autre.

mardi 23 mai 2017

Brève politicienne




Je mets, instinctivement, la politique et la religion dans le même sac (oui, je ne respecte rien, je suis comme ça, et si ça ne te plais pas, lecteur, je m’en fous complètement). 

Politicien et membres du clergé, ce sont toujours des malins, des gus qui se débrouillent bien, t’encouragent à casser la gueule à ton voisin au nom de la paix et de l’amour, te disent ce que tu dois penser, manger, boire ou baiser !

Si je critique plus souvent la gauche que la droite, c’est uniquement parce que la gauche, depuis plus longtemps au pouvoir, a eu l’occasion de faire plus de boulettes que la droite, et le raisonnement vaut pour toutes les religions

Tiens, il y a un truc qui me gave velu en ce moment, c'est l'utilisation du mot "fasciste" à tire-larigot. C'est un mot grave, qui ne devrait être utilisé que dans certains cas précis! 

En fait, ça remonte à mon enfance, fin des années 70. Tous les parents des mioches de ma classe avaient eu 20 piges en 68. Pour ces monuments d'intolérance, tout ce qui n'avait pas de longs tifs et une vague conscience de gauche, tout ce qui avait un parent dans l'armée, voire tout ce qui osait ne pas être d'accord ne pouvait être que facho. J'ai hais cette intolérance à bon marché, j'ai détesté cette bonne conscience de façade. 

Aujourd'hui, c'est le retour de la bien-pensance. Pour le mec de droite, un fasciste, c'est un type qui puise ses idées dans l'Italie des années 30 (et un nazi, c'est encore différent, si!), pour bien des gens de gauche (sans généralisation), un fasciste, c'est tout ce qui n'est pas aussi à gauche qu'eux. 

Alors, c'est parti: un prof qui buse mon lardon, facho, un sale type qui ne part pas en grève, facho, un mec qui lit Céline plutôt que Guevara, facho, et il y en a un-peu-plus-c'est-pas-grave-je-vous-le-mets-quand-même? 

Messieurs les bons apôtres, si penser autrement c'est du fascisme, alors j'en suis! (et sinon, retournez donc voir le sens de ce mot dans votre dictionnaire favori)

samedi 20 mai 2017

De la toute puissance Fessedebouquienne





Si j'ai l'air d'un croque-mort, la dessus, c'est normal: il y a des gens pour lesquels je creuserais volontiers un trou. Un Grand trou!, Genre fosse commune!

Je trempe, une fois de plus quoique virtuellement, ma plume la plus acérée dans mon venin le plus virulent ! 

Dans la relation commerciale du tatoueur avec ses clients, les réseaux sociaux ont pris une importance inouïe. C’est simple : celui qui n’est pas sur fesses de bouc n’existe plus.
Dans le but donc, de garder le contact avec mes aimables clients, j’ai par conséquent ouvert un groupe, une page pro, et naturellement mon propre profil (et ce blog, aussi).

Sur ma page, je laissais l’opportunité aux clients de me faire part de leur appréciation, et cela se trouvait positif, pour ma plus grande joie. Il faut tout de même savoir que les notations des clients ont un réel impact au point de vue de la réputation d’un tatoueur, aussi, tout artiste de saine jugeote y prête t-il attention. 

Et c’est là que le bât blesse. Ce matin, je constatais, navré, qu’une personne avait fait baisser la moyenne des notations en donnant une cote faible.
Bien vite, je la contactais par messagerie privée, après un coup d’œil inquisiteur sur son profil, histoire de voir à qui j’avais affaire : une parfaite inconnue. La réponse ne se fit pas attendre, et en moins de trois répliques, j’ai pu établir que je n’avais jamais ni tatoué ni rencontré cette personne !

Comme son QI était de toute évidence inférieur à son tour de poitrine, il fut de plus aisé de lui faire avouer que, par surcroît, elle n’avait JAMAIS vu un seul tatouage par moi réalisé ! Pour tenter (un peu) de contrebalancer l’effet négatif d’une telle publicité, j’ai bien sur contacté un petit nombre de clients fidèles et satisfaits, leur demandant le service de noter mon travail à leur tour. 

MERCI à eux ! Vous êtes la saveur de mon métier !

vendredi 19 mai 2017

Brèves de gosses 2°



Je suis lardonophobe! 

Par toute hypothèse en tout cas. Je fais la différence entre un restaurant où je caresse la folle ambition de manger des moules au vin blanc et une plaine de jeu. Je veux parler de ces endroits ou des mioches hyperkinétiques et bruyants (comprendre mal élevés) s'ébattent joyeusement avec des cris de joie. Je fais cette différence, donc, et d'évidence, ça se lit sur mon mâle et beau visage de prince pirate, lequel (le visage, pas le prince pirate) laisse un fugitif instant paraître un agacement qui, aux yeux des jeunes mamans en surcharge miochesque, est offense grave et crime de lèse-petite enfance!

Si vous êtes affligés, comme d'autres, d'une chaude-pisse, de ces moujingues turbulents et bruyants que l’on dit hyperactifs, et qui sont en fait seulement mal élevés, c’est de toute évidence de votre faute. Une taloche par semaine rend le fiston doux et amène affirme la sagesse populaire. Et la bienséance commande, comme moi-même, de ne pas les amener au restaurant, sous peine d’attirer des regards - tel le mien présentement - qui ne sont pas dictés par un attendrissement excessif.

jeudi 18 mai 2017

Breves de gosses 1°

Les enfants, il y en a de deux sortes : les nôtres et ceux des autres. Et, un peu comme les pets, on a tous tendance à supporter plus facilement les nôtres.

Ceux des autres sont, en général, moins bien élevés et plus bruyants que la moyenne communément admise. Lequel d’entre nous n’a jamais subi, au cours d’un voyage de longue durée, le charmant bambin assis à la place juste derrière qui balance allègrement de grands coups de lattes dans le dossier du siège sur lequel on est assis ? Le pire, c’est que si l’on a l’infernale prétention de se retourner pour demander poliment aux parents de l’enfançon turbulent d’avoir l’amabilité de calmer leur mioche, on obtient la plupart du temps une réponse acariâtre dans laquelle il est question des inconvénients inhérents aux transports en commun. En bref, on n’avait qu’à rester chez soi.

Je voue donc un immense respect à ceux et celles qui font profession d’élever des gosses : puéricultrices, instituteurs et institutrices. Ces gens font preuve dans leurs sacerdoces, d’une patience dont je suis incapable. Ils ont pour noble mission de transformer en génies biens élevés des hordes de jeunes turbulents. Comme le dit si bien l’image certes caricaturale du prof qui répond aux parents : "Vous vous êtes mis à deux pour nous sortir un con pareil et je devrais tout seul en faire un Einstein ?"

Donc, je l’avoue, il y a ma fille, qui me donne chaque jour des leçons de vie, et les lardons des autres, qui me tapent sur les nerfs !

D'après moi, les lardons, c'est un truc inventé par Dieu pour tenir les gonzesses en laisse! Imagine qu’à l’origine, on naissait adulte, ayant fait la crise d'adolescence et le service militaire; On avait déjà une barbe de trois jours qui faisait du bien à la maman au moment de l'accouchement et une poche marsupiale contenant un carnet de mutuelle, un abonnement d'un an à la piscine Molitor et un couteau à cran d'arrêt. Seulement, dès sa sortie de l'hosto, la mère se choppait des velléités d'indépendance: elle sortait le soir pour jouer au billard ou pour aller à son cours de Zumba, et si son Seigneur ne la brossait pas suffisamment, ne dédaignait pas se faire reluire par quelqu'un d'autre que son propriétaire légitime. Du coup, le gars Dieu, il en était réduit à s'astiquer l'auréole tout seul et bectait d'un jambon-beurre plutôt que d'un navarin d'agneau, ce qui ne faisait pas son affaire. C'est alors qu'il inventât les mioches, histoire d'enchainer la Déesse à la casa; ce fut à la fois l'invention de l'esclavage et la prohibition des couteaux à cran d'arrêt!

mardi 16 mai 2017

Anecdotes en vrac 1°



Le prix...


On va encore dire que je suis irascible! Passe encore la cliente qui m’appelle le dimanche' imaginant pas, la pauvrette, que je puisse avoir une vie (et elle avait, au moins, une jolie voix). Mais cette autre qui ce soir, me téléphone pour m'engueuler parce que je suis fermé ce soir et qu’elle est devant le studio, me tape sur le système. Ça n’a pas rendez-vous, et ça réclame comme un syndicaliste moyen à l’heure ou je suis en train de me faire des pâte.

- Bonjour, j'aimerais faire réaliser ce tatouage là
- Ah mais, techniquement, ce n’est pas possible, sur toi y a pas la place
- Oui, mais combien ça va coûter?
- Ben je viens de te dire que ce n’est pas possible
- Oui mais combien?...

Wouhaaaa, me dit la cliente indignée, vos prix ont vachement augmentés depuis quelques mois!

- Ah bon ? C’était quand, la dernière fois que tu es venue?
- En 1997...

Comment dire?

"Les cons, ça ose tout"


Y en a' te jure... Un gars (que je ne connais ni des lèvres ni des dents) m’envoie un mail avec une demande de prix hier soir, à 23h30. Aujourd’hui, il commence par râler parce que je ne lui réponds que ce matin, puis réclame un " prix d’ami"!!! Les cons, ça ose!

Le tag


Ce moment de joie un peu égoïste ou, arrivant matinalement, tu aperçois un tag sur la façade, et constate que c'est sur le mur du voisin. Je me remémore derechef la vieille blague du citoyen soviétique qui, ouvrant au KGB à deux heures du matin, a la satisfaction de pouvoir répondre:" Alekseiev? Non, c’est en dessous"

Message pour le creux du bulbe qui a nuitamment tagué ma façade :

Tu ne me liras sans doute pas, et c'est bien normal: nous n’avons pas les mêmes fréquentations, ce qui me convient parfaitement. Sans vouloir me montrer plus prétentieux que nécessaire, à ma mort, je laisserais comme traces de mon passage en ce monde, une fille merveilleuse (la mienne) et un livre, c’est pas si mal, je trouve! Et toi, quelle trace laisseras tu, pauvre etron? Le désolant gribouillis que ton âme d’artiste incompris laissa sur mon mur vers les minuit a déjà disparu ce matin à dix heures. Médite donc cette évidence, et reste dans la désespérante médiocrité dans laquelle te cantonne ton indigence d’esprit. Je ne te salue pas, reçois donc par la présente l'expression de mon plus parfait mépris, et, hélas virtuellement, mon pied au cul !

Le musicien


J’ai un musicien de rue. Un vrai, hein, je ne parle pas d’une infection cutanée, Dun comédon ou d' une verrue. Je parle bien d’un rombier qui chatouille une gratte. J' hésite toutefois sur la conduite à tenir: lui filer une tune parce qu' un peu de musique, c’est bienvenu dans cette rue à laquelle il ne manque parfois que la lune blême dans le caniveau humide et deux putes gravosses pour être un décor de polar glauque ,ou lui filer deux baffes dans la gueule ,parce que je déteste vraiment les Beatles!

"Ça sent le printemps"


Bon, une nana fringuée comme Chewbacca en mode synthétique entre dans le studio. Elle sent le chien mouillé. Si c'est ça, l'odeur bucolique du printemps, merci, très peu pour moi. Je dois être un mec vintage qui préfère que les jolies filles sentent la jolie fille!

Le candidat


Un candidat tatoueur viens de franchir ma porte, et me demande en bafouillant ou il peut acheter de la colle à calque et de l’encre temporaire. Comme je l'informe que ces produits n’existent pas, il me fait un discours sur l’attitude égoïste des anciens de la profession qui ne partagent pas leurs secrets. Las, pour me débarrasser de l'importun, je lui donne ce qu'il demande, c'est-à-dire une adresse : "chez Olivander, chemin de traverse".

Il est parti heureux!

Le français


Moi:(souriant)" ici, les gens bien élevés ôtent leurs casquettes au restaurant."
Lui (fier de lui):" on est français"
Moi:" Ha, c’est donc ça!"

mercredi 3 mai 2017

Ouvre large tes portugaises et écoute ton tatoueur!



Ecoute Loulou, si ton tatoueur te donne des conseils, soit gentil, essaye d’en tenir compte. Bon, on est d’accord, c’est de ta peau qu’on parle, et tu es libre, mais t’es bien d’accord que si tu ne suis pas ses conseils, il ne faut pas aller pleurnicher après, OK ?

Il est essentiel de comprendre un truc : le tatoueur, (ici, on parle de moi, mais le raisonnement vaut pour la profession en général), il est là pour gagner du POGNON ! Hé oui, de la fraîche, de la caillasse, du pèze ; de quoi nourrir ma famille, pas la tienne (j’t’aime bien mais…). J’adore mon taf, mais pour être sincère, si demain je gagne au Lotto, je m’achète un chalet en Suisse pour l’hiver, et je passe les étés dans un hamac au soleil, à siroter des trucs fruités dans des noix de coco avec des p’tits parasols en papier dessus. Je tiens beaucoup aux p’tits parasols. Et le tatouage, basta !

Donc, quand je refuse de faire un tatouage, ou quand je déconseille à un client de se faire tatouer, ce n’est pas pour le plaisir de refuser de gagner du fric.

Je m’explique, par deux cas concret.

Le client Alpha me demande de lui tatouer un truc, et je refuse en lui expliquant que ce motif, de cette taille et à cet endroit, ne donnera qu’un résultat merdique. Mais ce creux du rachi, tenant à son idée comme un morbac à son poil, se casse, vexé et trouve un tatoueur prêt à tout pour un peu de blé. Le résultat final est pathétique et le gus repointe sa truffe chez mézigue, consterné. Hé quoi, mon garçon, je t’avais prévenus, hein !

Autre hypothèse, la cliente bêta veut un tatouage mais je le lui déconseille fortement car le rendu final risque de ne pas être idéal du tout. Dans certains cas, exceptionnels, je peux, en l’ayant prévenue des inconvénients, accepter de faire ce tatouage. Ce peut être par exemple, un ajout sur une pièce existante. L’inconvénient, dans ce cas, serait que les deux "âges" du tatouage soient visibles (ça s’atténue toutefois avec le temps: la patience est une vertu, mais une vertu chiante à acquérir). Cela peut s’éviter en retravaillant la pièce dans son intégralité, mais évidemment, ça coûte du fric ! Ici aussi, ayant prévenu à l’avance, pas de surprises possible.

Dans ces deux, cas, ce ne serait que de la malhonnêteté intellectuelle de se plaindre à l’issue, de tailler des costards sur fesse-de-bouc ou de gémir.

Un tatoueur est censé conseiller ses clients, ce qui implique de leur dire la vérité, ceci-étant cette attitude reste commercialement contestable, parce que la vérité, ça ne plait pas.

C’est la raison pour laquelle mon banquier me déteste ! (Ce n’est pas vrai, mon banquier est un mec cool et tatoué avec qui je bois un coup à l’occasion, mais c’était pour que tu pige mieux)

samedi 29 avril 2017

Flicage et délation, c'est NON!!!!



Salut à toi, mon p’tit chacal. Ce mois-ci, encore un coup de gueule !

Si tu es un lecteur attentif de mes conneries, tu n’ignores pas en quelle piètre estime je tiens les "cratchers" (argot de métier qui signifie égratigneur), ceux qui se baptisent "tatoueurs à domicile"; de pitoyables gueux au talent incertain et à l’hygiène approximative qui viennent chez toi avec leur petite valoche de tatoueur débutant en kit pour te proposer leur "art" à des prix défiants toute concurrence. Comme tous les professionnels, je les méprise.

Ne compte pas sur moi, non plus, pour plaindre le sort des rats qui portent des daubes tatouées dans ces conditions: ils n’ont pas voulu payer le prix des services d’un tatoueur ayant pignon sur rue, ils paient du coup le prix de leur radinerie, bien fait pour leurs gueules.

Mais, depuis quelques temps, j’observe vis-à-vis de ces hyènes glaireuses, une nouvelle attitude des
"bons citoyens" : la dénonciation aux autorités soit-disant compétentes!

Ce mouvement semble constant, tant sur la page fesse-de-bouc du Syndicat National des Artistes Tatoueurs (France) que dans les emails que je reçois. Je ne peux nier que ça puisse partir d’une bonne intention, car les tatoueurs à domicile représentent ce qui se fait de pire en matière de tatouage.

Mais la délation, je dis non ! C’est un truc qui commence par "Madaaaaaame, y a Gontran-Eude qui fait rien qu’à copier" et qui termine par "Herr Kommandant, mon voisin s’appelle Lévy". Et ça, c’est pas trop mon truc, je désapprouve! Ce genre de chose, ça schlingue les années noires, la vengeance minable et l’épuration.

Je suis très fier de mon grand dab, qui planquait des juifs et des aviateurs durant la dernière grande rifflette, je ne vais donc pas me mettre à cafter maintenant, ce serait bas, indigne, petit et mesquin.

Si l’on veut éradiquer le médiocre tatouage clandestin, apprenons aux gens qu’un bon tatouage, ce n’est pas un tatouage fait au rabais. Ce n’est pas en se plaignant aux fonctionnaires à nez jaune et au teint bilieux d’une administration répressive que le problème trouvera sa solution.

samedi 4 mars 2017

Les retouches gratuites




"Bonjour, je viens pour mes retouches GRATUITES"… 

Cette petite phrase, bien connue dans la profession,  provoque toujours chez le tatoueur de saine jugeote un haussement de sourcils.

Explication :

Il y a une vingtaine de piges, lors des débuts de la mode du tribal, nous proposions des retouches gratos aux clients. C'était normal : un à plat de noir est fragile durant la guérison, et en cas de guérison un peu plus longue que la moyenne, de minuscules défauts pouvaient parfois apparaitre. Nous les retouchions donc gratuitement.

La pratique s’est généralisée. Et c’est fort bien ainsi.

Il faut pourtant comprendre que ces retouches, c’est un peu comme la garantie de ta nouvelle caisse : ce n'est pas absolu.

Personne, jamais, ne peut se prémunir contre les méfaits temps : un tatouage, ça vieillit…Non, en fait, c'est TOI qui vieillis. Puis ta peau avec, et ton tatouage suit le mouvement, retouches ou pas !

Il est, bien sûr, des styles qui vieillissent mieux que d’autres. Ce serait longuet de faire un cours sur la question ici. Il faudra que tu demandes à ton tatoueur, et dans ce cas précis, l'expérience du dit tatoueur est déterminante.

Exemple : dans les années 90 est apparue une mode qu’on appelait alors la "fine line", des tatouages très fins et détaillés. Il n'a pas fallu cinq ans pour qu’on s'aperçoive que ça partait en sucette au bout de quelques années. Depuis quelques temps, ce style est de nouveau à la mode, pratiqué par des jeunes lapins bourrés de talent, certes, mais auxquels il manque les années de pratique.

Et les creux du bulbe, avides d'être à la mode, marchent dans la combine comme un seul homme. Au pire, ils te disent que depuis vingt piges, la technique a évolué.

Mais oui, Loulou, la technique blablabla... mais la peau humaine, pas tellement!

Deuxième cas où la "garantie" ne fonctionne ni pour les bagnoles ni pour les tatouages, c'est quand aucune retouche n'est nécessaire, ou que ta 504 Peugeot ronronne comme un greffier réjouit!

C'est évident, à tes yeux et aux miens, mais le mot "GRATUIT" possède une étrange fascination sur les simples d'esprit : c'est gratos, ils pensent y avoir DROIT (important, ce mot là), donc en avant la musique!

Le troisième (et dernier) cas est plus problématique:

C’est le gars (ou la nénette, ne discriminons pas) qui a bien pigé que les retouches sont gratuites, qui sait que, au vu de la récente prolifération de l'espèce tatouesque, chaque pro veux toujours faire des pièces plus jolies que le voisin, et qui abuse du truc pour avoir le droit de s'en foutre complètement des soins post tatouage. Car, tu le sais, lecteur chafouin, un tatouage frais demande à être soigné attentivement, sous peine de croûtes importantes.

Ici, je vais balancer une évidence (ça me donne l’air instruit) : les croûtes, au moment où elles tombent, sont colorées. L’encre qui est dans la croûte, ben elle n'est plus sous la peau. Conclusion, plus la croûte est importante, moins il reste d’encre sous la couenne.

T’as pigé, ou je réexplique plus lentement?

Et donc, cet aimable illuminé du rachis se permet de prendre les soins comme d’aimables divagations du tatoueur, lequel, "en cas que", sera prié de faire les retouches rendues nécessaires par le je-m'en-foutisme du faquin.

Reprenons notre comparaison avec la bagnole, tu veux bien? (si tu veux pas, c’est pareil)

Tu viens de t'acheter une Merco toute neuve, et fier comme un bar-tabac mais con comme un verre à pied, tu l'encastres dans un platane au premier virage! A ton avis, la garantie 5 ans, elle joue?

Non? ben t'as pigé alors. C'est la preuve que j’explique bien!

Et les tatoueurs, comme les concessionnaires Mercedes, sont capables de voir la différence entre la révision des 10 000 km et le platane incrusté dans le pare-brise, entre une retouche due à une guérison un peu ardue, et un sot qui n’a pas soigné son tatouage. Ou qui, ça c’est vu, a gratté les croûtes (t'as le droit d’essayer de les prendre pour des lapins de six semaines, mais vas pas pleurnicher si ça ne marche pas).

Moralité: les retouches gratuites, oui, MAIS…..

samedi 7 janvier 2017

Du neo-tribalisme à deux balles au grand n'importe quoi




J'ai l'air de mauvais poil sur cette photo? Hé ben oui, mes loulous : y en a marre, marre des escrocs du tatouage, des bouffons new-age qui font de la merde en jouant les primitifs!

Comme si les gribouilleurs habituels ne suffisaient pas, il faut maintenant se farcir les neo-babas, les hippies nostalgiques du bon sauvage qui ont tout pigé à tout, et les déçus du bouddhisme infoutus de faire pousser du fromage de chèvre dans le Larzac...

Outre les maitres japonais de la technique "tebori" et les quelques tatoueurs qui, principalement en Asie et dans le Pacifique, ont su préserver ou retrouver les gestes traditionnels de leurs ancêtres, on trouve, surtout en Europe et aux Etats-Unis, un nombre sans cesse croissant de tatoueurs s'intéressants aux anciennes techniques. Parmi eux, un très petit nombre d’artistes sincères et honnêtes qui se sont astreints à l’apprentissage long et ardus du tatouage manuel. Et une très large majorité de guignols.

Ces charlots, après l’échec retentissant des leurs autres tentatives professionnelles, trouvent dans le tatouage "traditionnel" l’espoir d’une réussite qui leur a été jusque-là refusée. Trouvant dans la pique manuelle la légitimation de l’imprécision de leurs lignes baveuses et des leurs dessins approximatifs, ils se justifient gauchement par un soi-disant "retour aux sources", par un discours farci de calembredaines plus ou moins "new-age", de références boiteuses à un shamanisme Viking ou Dayak de mauvais aloi. 

Il ne faut pas s’y tromper : sous le couvert de "mieux respecter la peau" (quelle blague) ou de "revenir aux sources de la pratique" (de quoi, du grand n’importe quoi ?), ces gribouilleurs justifient surtout le manque d’ardeur au travail qui les empêche de développer un talent, si talent il y a. J’en ai même croisé l’un ou l’autre qui en profitaient pour s’assoir avec allégresse sur certaines règles d’hygiène pourtant élémentaires, m’expliquant gravement que "eux, ils sont des exceptions, parce qu’ils travaillent différemment" (sic).

Pour la clarté de ma démonstration, je vais ici oser une comparaison qui sera, je l'espère, limpide et point trop audacieuse :

Mon excellent ami David est instructeur de survie (et néanmoins sympathique, si si ). Son métier consiste à apprendre à ses clients à vivre dans la nature, à "faire plus avec moins". Elevé dans le nord du Canada, passant une grande partie de sa vie dans les bois, il est devenu un véritable artiste dans toute une série de techniques primitives, parmi lesquelles l’art de faire du feu, y compris à l’aide de silex ou en faisant tourner une drille dans une pièce de bois à l’aide d’un arc (je te le promets, ce n’est pas si facile). Toutefois, même s’il domine la technique ancestrale, si une situation d’urgence se présentait, si faire un feu rapidement et efficacement était une question de vie ou de mort, même lui, que ses stagiaires surnomment pourtant affectueusement "Manitou", n’hésiterait pas une seconde à recourir à tous les moyens que lui offre le monde moderne, depuis le briquet à gaz jusqu’au bidon de napalm.

Sur la peau, en fait, c’est un peu pareil : on ne joue pas, on ne s’entraine pas, on ne se réfugie pas dans un fatras de couillonnades pseudo-primitives : on réalise le meilleur tatouage possible, en usant de toutes les ressources possibles, pour offrir à son client un produit propre et de qualité.

Le reste n’est que verbiage inutile.