mercredi 30 mars 2016

Un tatouage pour sauver une vie !



Il y a quelques années déjà que cette idée me trottait dans la caboche, et les récents attentats précipitent ma gamberge dans ce sens. Ceux qui me connaissent bien savent que je ne suis pas que tatoueur, mais également sous-officier (je porte le grade d’Adjudant dans nos forces armées) et moniteur de survie, dans l’armée mais aussi au CEETS (Centre d’étude et d’enseignement des techniques de survie : si tu veux en savoir plus la dessus, gougeule est ton ami).

Je suppose qu’il était donc plus ou moins fatal que, à force que dans mon enveloppe corporelle cohabitent (pour reprendre le cri d’amour du crapaud) ces trois personnalités, ce genre d’idée vienne forcément à émerger.

Peu de temps après les attentats de Bruxelles, j’avais publié sur Facebook les réflexions suivantes :

"Considérations pratiques à propos de la vie nouvelle qui s’ouvre à nous : il est de notre devoir, c’est un fait de continuer à vivre normalement. 

Premièrement, parce que changer notre façon de vivre, c’est offrir une victoire à ces terroristes glaireux. Et deuxièmement, par respect pour le travail des flics, soldats, pompiers qui s’entraînent durement et travaillent dur chaque jour pour que nous vivions dans la sécurité (je profite ici pour adresser un salut fraternel à mes frères d’armes, notamment ceux du bataillon ISTAR, qui ont fait un boulot magnifique à Zaventem et qui ont sauvé des vies). C’est un boulot dur, exigeant et qui mérite que nous profitions pleinement de cette vie qu’ils nous offrent. 

Maintenant, foin des considérations philosophiques. Je voudrais ici mettre à profit mon background et vous faire part de deux ou trois petits trucs pas totalement inutiles. Point n’est besoin, à l’instar des survivalistes à l’américaine, de vivre en permanence avec une trousse de survie et de premier soins complète, mais quelques détails minuscules peuvent faire la différence. 

L’un des problèmes auxquels font face les services de secours, est l’identification des victimes (je ne parle pas ici que des morts), séparées des leurs papiers d’identité, des leurs sacs et autres impédimentas. Une bonne idée et d’avoir, sur soi, un moyen d’identification : les soldats portent des plaques d’identité, et c’est un exemple qui peut être suivi, soit sous la forme d’un bracelet (genre ceux proposés par la marque Road-ID, par exemple), soit simplement en faisant, par exemple pour les fumeurs, graver un briquet zippo à votre nom. 

L'idée, c’est de trouver un support qui résiste au feu et qui ne s’égare pas, vous voyez le genre? Il est également possible de porter des vêtements qui offrent un minimum de protection (pas un gilet pare-balles, hein!). Par exemple, une veste en gros cuir offre une certaine protection contre les éclats de verre : hé oui, dans le cadre d’un attentat, il n’y a pas que les bastos de Kalash ou le souffle d’une explosion qui font courir des risques. Autre exemple : en Irak, le corps des Marines interdisait le port de sous-vêtements fait dans ces merveilleuses fibres modernes faites pour les sportifs ; en cas de rencontre inopinée avec des éclats brûlants de bombes improvisées, ces fibres textiles aggravent, en fondant, les blessures. 

Bon, je m’arrête là pour ce soir, mon propos n’est pas d’écrire un manuel de survie complet (je le ferais peut être un jour), je voulais juste vous offrir quelques pistes de réflexion, et il y en a d’autres."

Mais je pense que le tatouage peut également avoir un rôle. En effet, la survie d’une victime dépend, dans certains cas, de la rapidité d’une transfusion sanguine. Les militaires et les motards, qui sont des gens qui prennent des risques, le savent, et portent sur eux différents identifiants pour permettre aux secours de réagir au plus vite : plaques matricules, badges scratchés sur leurs tenus, stickers sur les casques, et j’en passe.

Je conçois pourtant ce que l’idée de se faire tatouer un groupe sanguin peut avoir de choquant : durant la deuxième guerre mondiale, les Waffen SS se faisaient tatouer le leur sous le bras gauche (statistiquement, un combattant droitier expose son côté droit en servant une arme, le bras gauche est donc moins souvent touché). C’est tout simplement parce que le parti nazi considérait que c’étaient les soldats dont la vie avait le plus de valeur. Le projet était, du reste, de tatouer à terme les autres soldats allemands.

D'autre part, un spécialiste actuel des questions de survie, Vol West, n’hésite pas à recommander le tatouage à vocation médicale. C’est ce qu’un de mes amis à fait, en faisant inscrire sur sa poitrine la liste de ses allergies. (Petite info qui peut donner des idées, dans le monde anglo-saxon, la mention NKA indique dans un dossier médical que le patient n’a pas d’allergies connues).


Bref, je me suis donc décidé à passer à l’acte, à montrer l’exemple, et ai confié à l’un de mes collègues (Marcin, de chez Paul’s tattoo&friends - si t’as lu mon bouquin, son nom ne t’es pas inconnu) la réalisation de la chose. En espérant, cette fois, ouvrir la voie à une réflexion…